Nous sommes heureux de vous présenter le premier article d’une série que nous consacrons aux tissus africain, le sujet vous intéresse ? N’oubliez pas de vous abonnez au Mag’ de LATUNIK 😉!


Le patrimoine artisanal de l’Afrique comporte de nombreuses œuvres artistiques comme le tissu bogolan. Produit entièrement sur le continent noir, cette étoffe traditionnelle connaît un succès retentissant depuis quelques décennies. L’histoire de son existence ainsi que son processus de fabrication coutumière font du bogolan un tissu sacré et très expressif. Plébiscité en Afrique et à l’extérieur, le Bogolan parvient à donner corps à plusieurs créations vestimentaires. Voici un tour d’horizon sur le tissu africain bogolan, son origine, son sens, son procédé de confection, les possibilités vestimentaires qu’il offre et son usage hors des frontières africaines.

Le Bogolan, un tissu originaire du Mali

Bélédougou, aujourd’hui connu sous le nom de Kolokani, dans la ville de Koulikoro, est la région historique du centre du Mali où le Bogolan a pris racine. Ce sont, en effet, les Bamanankan (ou Bambaras), ethnie malienne, qui en sont les créateurs. Si la provenance de ce tissu semble claire, sa naissance prête à confusion.

La légende raconte, tout de même, que c’est une femme bamanankan qui en fut l’initiatrice. Vêtue d’un pagne nouvellement teint avec du n’galama, celle-ci l’aurait accidentellement sali par la boue issue d’un fleuve. Quand elle essaya de le nettoyer, elle se rendit compte que la boue avait imprégné son tissu de traces permanentes offrant un aspect original à son étoffe.

Rapidement, elle s’en sert pour en faire un vêtement en y ajoutant des nuances de couleur et quelques dessins. Peu à peu, les femmes de cette ethnie s’approprient la méthode de fabrication du Bogolan et les hommes s’y intéressent également. L’appellation « Bògòlanfini ou Bogolan », qui veut dire « à base de la terre », en langue bambara, fut ensuite donnée à ce nouveau tissu atypique.

La fabrication du bogolan n’est pas restée l’apanage de la tribu bambara. D’autres ethnies comme les Bobos, les Sénoufos et les Malinkés apprennent la technique de fabrication de ce textile. Toutefois, ils mettent en avant leur propre style qu’ils améliorent au fil des ans.

En parallèle, l’immigration des Bambaras vers d’autres territoires hors du Mali a permis l’expansion du tissu Bogolan. On retrouve désormais du Bogolan confectionné au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire avec bien sûr des traits distinctifs.

Le Bogolan, une étoffe chargée de symboles

Chaque pièce de Bogolan présente des motifs et des couleurs qui lui confèrent une valeur supérieure aux tissus ordinaires.

Un tissu au fort symbolisme

À ses débuts, le tissu bogolan Mali était sacralisé. On lui reconnaissait une valeur de protection. On estimait qu’il comportait un pouvoir divin capable de préserver son porteur de tout mal (sorts maléfiques, mauvais œil…). C’est donc sans surprise qu’on l’utilisait pour des rituels, pour la chasse et des occasions spéciales comme le mariage, les deuils, etc.

On considérait également le Bogolan comme un instrument thérapeutique. Puisque son processus de fabrication impliquait majoritairement la terre, on lui attribuait des vertus soignantes. Selon les Bambaras, la force vitale du bogolan résidait dans la boue utilisée pour tracer les motifs. Cet amas de terre était prélevé dans une mare sacrée dans laquelle se trouveraient les esprits des ancêtres.

Il va sans dire que les motifs et les couleurs de chaque tissu de bogolan étaient réservés pour un usage spécifique. Cependant, si cette position divine, qu’occupait le Bogolan, a peu à peu disparu, il est devenu un tissu très convoité de valeur transcendantale.

Quelques motifs du Bogolan et leurs significations

Dans la culture traditionnelle Bamanan, les images et la métaphore constituent les moyens d’expression intellectuelle du savoir. C’est pourquoi, les tissus bogolans confectionnés affichaient des illustrations codées qui transmettent un message. Qu’il soit d’inspiration culturelle, spirituelle, naturelle, ou tirée du quotidien, chaque motif bogolan possède une signification unique.

Sur le plan culturel, vous retrouverez par exemple des motifs symbolisant l’ancêtre ; un bonhomme aux bras étendus et campé sur des jambes majestueuses qui se dresse avec force et prestance. Côté humain et relationnel, on y trouvera :

  • un cinq inversé sur la gauche représentant la femme ;
  • un tracé alternatif non sinusoïdal qui signifie « le chemin de retour de l’homme qui ne paye pas ses dettes ».
  • une forme ovale sur laquelle est posée une forme semblable à un trident qui signifie le mariage.

Pour les événements festifs, les tenues africaines en Bogolan affichent un motif composé d’un A dont la première jambe est réduite et dont le trait de liaison est plus large.

Parmi les motifs conçus pour représenter certains éléments de la nature, vous trouverez l’air symbolisé par deux faucilles qui s’entrelacent. Dans le monde animalier, l’oiseau et la tourterelle, par exemple, sont illustrés par des étoiles à quatre branches et au tracé irrégulier.

Aujourd’hui, certains tissus Bogolan possèdent des motifs contemporains. Vous retrouverez ainsi un cercle avec un point au centre signifiant la communauté ou encore deux lettres de W étendues qui se chevauchent presque et évoquent la fortune.

Bien qu’ils soient réalisés à la main, les motifs du tissu bogolan Mali présentent une précision et une parfaite régularité. Chaque artisan ou artisane élabore des tracés qui portent son empreinte, ce qui rend unique chaque pièce de tissu Bogolan créée, et par ricochet, toutes les tenues africaines réalisées avec.

Les couleurs singulières du tissu Bogolan

Tous les tissus maliens issus de la terre affichent un thème colorimétrique commun : la sobriété. Les couleurs de ce textile tiennent leur particularité des matières naturelles qui ont servi à les produire. Les principales teintes sont le jaune safran ou ocre, le noir, le marron, le blanc, le bleu indigo et le rouge ocre.

Le jaune s’obtient par un mélange du jus de certaines feuilles avec de la cendre. Le noir est obtenu par l’association du tanin contenu dans les plantes de n’galama et la boue. Le marron, visible sur les tenues africaines en bogolan, apparaît en utilisant une solution composée d’un mélange de terre, de cendre et de jus de feuilles.

Le bogolan blanc prend place lorsqu’on utilise de la soude caustique ou du savon et de l’eau de javel. Le bleu indigo est issu du mélange entre des feuilles d’indigo et de la potasse. Quant au bogolan rouge ocre, on porte à ébullition de la potasse et l’écorce de raisin rouge sauvage pour l’obtenir.

Une fabrication nécessairement artisanale

Le Bogolan demeure un produit purement artisanal dont le processus de fabrication varie d’un artisan à un autre. Néanmoins, chaque procédé respecte au moins 3 étapes : la préparation, la teinture et la finition.

La phase préparatoire

La composante principale du tissu malien est une étoffe en coton blanc que les tisserands filent à la main ou tissent en bandes à l’entame de la production du tissu africain bogolan. Le tissu produit présente généralement une épaisseur moyenne.

De son côté, l’artisan se charge de prélever l’argile ou la boue dont il se servira pour teindre le tissu. Cette portion de terre sera conservée pendant 2 semaines pour qu’elle se fermente. Il élabore également les décoctions végétales qui lui seront utiles et apprête les solutions de teinte correspondant aux couleurs avec lesquelles il souhaite agrémenter son chef d’œuvre.

L’étape de la teinture

Ici, l’artisan procède à une teinte de base en trempant le coton tissé dans une décoction de n’galama contenant une forte concentration de tanin. Cette coloration initiale sert à obtenir les nuances brune et ocre. Après ce bain, le tissu est séché au soleil pour que les couleurs s’y fixent.

Une fois sec, le tissu est étalé au sol ou sur une surface adaptée. La main levée, l’artisan réalise chaque motif avec la boue prélevée à l’aide d’un calame ou d’un pinceau. L’acide tanique issu du n’galama et l’oxyde ferrique que comporte la boue réagissent ensemble pour produire la couleur noire spécifique au Bogolan. La première couche de motifs réalisée, on laisse reposer le tissu pour que la boue sèche.

La finition

Dès que la boue est complètement sèche, on rince le tissu à l’eau pour enlever les mottes de terre et éliminer l’odeur désagréable de l’argile fermentée. L’artisan peut laver le tissu plusieurs fois compte tenu de l’intensité de noir qu’il veut avoir.

Ensuite, il peut appliquer, toujours à main levée, d’autres substances pour colorer ou blanchir son tissu. La fabrication d’un tissu Bogolan peut s’étendre sur un ou deux mois selon la complexité des motifs bogolans à réaliser.

Quelques tenues réalisables avec le Bogolan

Durant ses premières années d’existence, le tissu malien était utilisé en guise de pagne ou pouvait servir à confectionner des tuniques et des pantalons pour les hommes. Bien que le port du Bogolan se soit modernisé aujourd’hui, la tunique africaine est demeurée la plus incontournable des tenues africaines que vous pouvez confectionner avec votre tissu. Très polyvalent, le Bogolan se prête également à la confection d’autres vêtements contemporains comme la veste, le manteau, et la robe pour les dames.

La tunique africaine en Bogolan

Ample et confortable, la tunique africaine en bogolan homme ou femme est un vêtement qui se présente sous la forme d’un T descendant jusqu’au milieu des cuisses.

Le modèle traditionnel de la tunique en tissu bogolan du Mali est constitué de longues manches aérées et de larges broderies qui recouvrent toute la poitrine. Aujourd’hui, la tunique a été revisitée par la main experte des créateurs de mode. Elle s’affiche désormais avec des manches courtes sans perdre son essence.

Confiez votre précieux et luxueux tissu malien à l’un de ces fins spécialistes de la couture et vous aurez du plaisir à vous vêtir de votre tenue africaine en bogolan en toute occasion. Vous pouvez l’associer à un jean ou à un pantalon de votre choix selon la solennité ou non de la circonstance.

La veste et le manteau en Bogolan

L’univers de la mode rayonne avec les nombreux modèles de vestes et de manteaux que le Bogolan permet de concevoir. Imposante, chacune de ces tenues africaines a du caractère, que vous soyez un homme ou une femme à les porter.

Vous pouvez donc, commander un modèle bogolan homme en veste avec ou sans manches pour afficher un style hors du commun ou un manteau avec manches trois quart ou manches longues en Bogolan qui apportera de la distinction à votre look. Vous pouvez aussi opter pour un manteau sans manches pour vos sorties relax en été.

La robe en tissu bogolan

Cousue avec du tissu bogolan, la robe constitue une pièce remarquable dans un panorama d’habits féminins contemporains. Été, printemps, automne, hiver, toutes les saisons y passent ! Votre étoffe royale vous accompagnera pour donner un cachet spécial à votre présence lors de chaque événement où vous apparaîtrez.

En ville, en vacances ou au travail, une simple robe en bogolan saura vous sublimer. Hop ! Choisissez un bogolan bleu, un bogolan noir et blanc ou n’importe quelle autre couleur de votre choix, puis laissez votre tailleur vous concevoir un modèle bogolan femme à vos goûts qui révélera votre charme.

Le Bogolan à la conquête de la planète.

Le tissu africain bogolan a acquis une forte popularité à partir des années 80. À cette époque, il séduit bon nombre de consommateurs grâce au styliste malien Chris Seydou. Celui-ci a su utiliser le pagne bogolan avec ingéniosité pour concevoir des tenues africaines de style contemporain mais révélatrices de la culture malienne.

D’autres créateurs africains à partir des années 2 000 lui emboîtent le pas. Il s’agit de El Hadji Malick Badji, Selassie Tetevie ou encore Aisha Obuobi, qui, à travers leurs œuvres vestimentaires ont su faire étendre la notoriété du tissu bogolan malien partout en Afrique et aux quatre coins du monde.

Aujourd’hui, la célébrité du Bogolan en Europe est incontestable. Des stylistes occidentaux s’en sont servi pour leurs créations stylistiques tels que les marques italiennes Marina Rinaldi en 2013 et Oscar de la Renta en 2008. On assiste d’ailleurs à une démocratisation complète du Bogolan avec les tissus wax ou en soie ornés de motifs imprimés Bogolan. Désormais, tout le monde peut arborer le Bogolan avec n’importe quel tissu.

Dans le rang des célébrités et des personnalités publiques, les tenues africaines en Bogolan séduisent. Michelle Obama, ancienne première dame des États-Unis, s’est déjà noblement parée d’une veste en Bogolan pour un de ses discours. De même, la célèbre chanteuse Beyoncé a renouvelé son soutien à la culture africaine en revêtant une robe élégante en bogolan pour un de ses concerts.

Vous l’avez compris ! Le Bogolan n’est plus seulement africain d’usage, mais s’offre à tous dans de nombreuses déclinaisons vestimentaires. Et si les modèles typiquement traditionnels ou modernes vous semblent inappropriés pour mettre en valeur ce tissu, misez sur une mixité des époques en optant pour la tunique africaine en bogolan. N’hésitez pas à consulter nos modèles de tuniques pour choisir la vôtre.

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